Roger MUNTU et son Histoire.

Roger MUNTU et son Histoire.

Roger Muntu, c’est d’abord une voix. Une voix à la jovialité inégalée, une voix familière à beaucoup d’Africains. Depuis Washington, d’où émet Voice of America, son RM Show s’affiche à l’antenne tous les jours de la semaine à 15 heures précises, 22h heure locale lushoise .

Pas de quoi faire gonfler la tête à cet homme humble et discret au parcours de vie sans concession.Roger Tshiondo Muntu, né le 10 février 1970, à Bukavu dans le Sud-Kivu en RDC. Son père est alors ministre de l’Énergie et des Mines au sein du gouvernement Mobutu. Le jeune homme grandit dans le luxe, entre villas protégées par des gardes du corps et voitures avec chauffeur. Fasciné par la politique, il se voit suivre le même chemin que son père et entame des études de droit à la faculté de Kinshasa.

Lorsque son père est démis de ses fonctions pour avoir refusé d’accorder un accès au minerai du pays à des membres du gouvernement, sa vie bascule. « Mon père a refusé de laisser les gens au pouvoir se servir dans les ressources naturelles du pays et ça lui a coûté son poste. C’est aussi ce qui a changé ma vie indirectement », explique Roger Muntu comme s’il lui en coûtait de se replonger dans ses souvenirs d’enfance. Passé dans l’opposition et voulant protéger sa famille, son père l’envoie le plus loin possible.

Plus loin que la Belgique ou la France, dans un pays où il sera hors d’atteinte du régime : les États-Unis. Les premiers moments à New York pas évidents Il atterrit à New York, sans parler un mot d’anglais, avec en poche un visa touristique et 5 000 dollars. « Ça a été très dur. Je suis parti sans savoir quand j’allais revenir. Je l’ai fait pour rassurer mon père, pour qu’il se dise que son aîné ne risquait rien. J’ai débarqué, seul, dans un pays que je ne connaissais pas, où je n’avais jamais mis les pieds et dont je ne parlais pas la langue », explique le journaliste.

Il trouve à se loger dans un hôtel choisi un peu par hasard. « Au début, j’étais perdu, je ne me nourrissais que de ce qu’il y avait dans les distributeurs. Il m’a fallu trois jours avant de réussir à me commander un plat chaud, à trouver les bons mots pour me faire comprendre. » Une fois son argent épuisé, au bord du désespoir, il fait une rencontre qui lui sauve la vie. « Je m’étais résolu à aller dormir dans la rue quand j’ai croisé un Africain qui parlait français. Je lui ai expliqué ma situation en lui indiquant que j’avais besoin de travailler. Il m’a donné une adresse où trouver d’autres Africains. » Là, Roger Muntu trouve à se loger pour pas cher, mais il lui faut faire ses preuves pour se faire accepter : « On ne voulait pas d’un fils de riche, on me disait que je ne saurais pas travailler, que je ferais mieux de rentrer chez moi. J’avais un billet retour, mais je refusais de rentrer, mon père avait assez de soucis comme ça au pays. Alors, je me suis accroché et on a fini par me faire confiance. » Des petits boulots passés à arpenter les rues à distribuer des prospectus, de l’argent mis de côté, sa vie aux États-Unis devient plus naturelle. Avec une deuxième somme d’argent envoyé par son père Muntu s’inscrit à la New York University (NYU). « C’était un an avant que mon père ne décède. Il est mort en étant fier de moi », dit-il avec une voix grave, bien loin de celle d’habitude joyeuse. À la mort de son père, une des connaissances de ce dernier le contacte et lui propose de l’héberger à Washington. « J’ai pris tout ce que je possédais, je l’ai mis dans ma voiture et je suis parti sans me retourner. J’arrive dans la capitale et le monsieur en question ne peut plus m’héberger, à cause d’une visite de sa sœur arrivée de Belgique. » Roger Muntu passe une semaine, en plein hiver américain, à dormir dans sa voiture, sans chauffage, avant que la chance ne lui sourie enfin.

Elle va se matérialiser par une annonce dans un immeuble qui cherchait un concierge. Roger y va au culot et ça marche ! À l’américaine en somme. « Je suis passé de concierge à mi-temps à concierge à plein temps à manager l’immeuble. C’était un immeuble de très haut standing dans lequel j’ai même eu un appartement de fonction. Je pouvais enfin respirer. L’intégration devenait plus facile. » Son visa transformé en asile politique, Muntu a, entre-temps, fait les démarches pour obtenir la résidence permanente. Il reprend alors des études à Marymount University, où il rencontrera sa future femme.

Il s’implique dans la vie de son quartier en entraînant les jeunes au basket et au foot. « Un des parents d’élèves que je coachais en basket a vu que je parlais français. Le voilà donc qui me demande si je peux donner des cours particuliers à son fils. De fil en aiguille, il en parle autour de lui et l’école de son fils m’appelle pour que j’y enseigne le français, le latin et le sport. Me voilà quittant mon job de concierge pour enseigner à plein temps. » De la conciergerie à l’enseignement L’école lui laissant beaucoup de temps libre, il s’installe un petit studio chez lui et se met à produire des vidéos qu’il appelle le M2 Show. « J’interviewais des Africains francophones en déplacement à Washington et petit à petit je suis devenu le correspondant de plusieurs chaînes africaines. » Son studio grandit jusqu’à devenir une vraie entreprise avec cinq employés. Il se fait vite repérer par VOA, qui lui propose d’animer sa propre émission de radio. « Je n’avais jamais fait de radio en live, je n’étais pas entraîné. On m’a juste dit : Tu dois être à l’antenne à trois heures C’est tout.»

Le RM Show était né. Depuis 2009, son émission a pris de l’ampleur au point de devenir l’émission la plus écoutée du service francophone de VOA. « C’est une vraie émission de société. Au début, ce n’était qu’un programme musical, avec des dédicaces, etc. Mais je ne voulais pas que ce ne soit que ça . Je voulais faire une émission qui éduque. Donc, j’ai imposé des sujets socioculturels accessibles à tous. » On y parle de fidélité, de filles qui ne vont pas à l’école, de foot, d’accès à l’eau ; en bref, de toutes les thématiques qui touchent les Africains. « Ça a tellement bien marché que l’on m’a demandé de faire aussi de la télé. En 2011, je me suis mis à collaborer avec Jacques Aristide dans son émission Washington Forum. Et puis, il y a peu, on m’a proposé ma propre émission de télé que je vais démarrer à la fin du mois. »

Roger Muntu va en effet faire ses débuts dans l’émission Vous et Nous, une version cathodique du RM Show. Roger a maintenant 45 ans, il est marié depuis 2002, naturalisé depuis 2003. « Je suis heureux, mais je suis passé par des périodes très difficiles. Si tu peux survivre à New York, tu peux survivre n’importe où. J’ai survécu grâce à ma foi et à mon éducation. Je suis extrêmement reconnaissant envers les États-Unis et je suis très fier d’être américain. Ce pays m’a tout donné. Je suis ce que je suis aujourd’hui grâce à ce pays. Mais mes racines sont en RD Congo. Chez moi, c’est au Congo. »

Terre natale. l’envie de faire de la politique, en hommage à son père, le taraude. « J’ai la politique dans le sang. Je sais que ça me plairait. En attendant, je sais qu’il y a beaucoup à faire là-bas et je veux rendre ce qui m’a été donné. Je voudrais créer une fondation pour l’éducation en Afrique. Je veux créer des liens entre les écoles américaines et les écoles en RDC. J’ai enseigné pendant plus de 16 ans, je sais le bien que peut faire l’éducation. »

Avant de raccrocher et de mettre un terme à la conversation Muntu lance son fameux Peace Africa, sa phrase devenue culte avec laquelle il conclut tous ses RM Show. « Paix sur l’Afrique » mais qu’il n’a jamais vraiment quitté.

En 2019 il séjournait en RDC, Lubumbashi pour une séance de travail ou il rencontrat kevin laodor , jeune journaliste culturel qui a pour mentor Roger Muntu  » un rêve qui se réalise.

KEVIN LAODOR

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